Effets du compost sur le sol : amendement, humus et fertilité
L’automne est la saison idéale pour se poser la question de ce qu’est le compost, car c’est un moment privilégié pour observer les sols et comprendre le cycle de la matière organique.
Le compostage, un processus issu de nos forêts
Lorsque nous foulons les feuilles mortes lors de nos balades en forêt, rappelons-nous qu’elles contribuent à former cet humus qui enrichit durablement les sols. Et que c’est cette humification que nous tentons de reproduire lorsque nous “faisons” notre compost ! Faisons entre guillemets car ce ne sont pas les humains qui créent le compost. Ils se contentent de mettre en place les conditions pour que toute la faune vivant dans les sols fasse son travail de décomposition dans les meilleurs conditions.
L’automne c’est le règne des champignons (pas uniquement ceux que l’on cueille pour les déguster en omelette mais plutôt ceux du sol invisibles à nos yeux de randonneurs, et qui sont, associés à la faune, les ouvriers indispensables à l’humification).
Amendement, humus, engrais on vous explique !
Le compost est avant tout un amendement, c’est-à-dire qu’il vise à améliorer la structure du sol. En tant qu’apport de matière organique, il contribue en effet à redonner de la vie au sol, à le rendre plus résistant au lessivage, à l’érosion, aux ravageurs, et conséquemment plus fertile. On le voit, le compost est avant tout là pour prendre soin du sol.
Mais c’est aussi un peu un fertilisant ou engrais puisque les plantations en bénéficient.
Comment ?
Lorsque l’on dépose du compost sur son sol, deux phénomènes entrent en jeu :
une minéralisation primaire qui va rapidement transformer une partie (azotée) de la matière organique en minéraux directement assimilables par les plantes (ce sont les bactéries qui minéralisent la matière organique),
une humification, c’est-à-dire une transformation (par les champignons) du reste plus ligneux, plus carboné, de la matière organique (MO) en un humus stable qui constitue le stock de MO longue durée, qui finira par se minéraliser mais sur plusieurs années (d’où le nom aussi donné de minéralisation secondaire). Outre le fait que l’humus continue à libérer des nutriments pour les plantes sur le temps long, ce sont surtout ses caractéristiques physico-chimiques qui sont notables, car l’humus favorise l’absorption et la rétention d’eau. Comment ? En s’accrochant à l’argile, grâce aux ions calcium, l’humus crée le fameux complexe argilo-humique qui n’est rien d’autre que le fondement de nos sols.
Peut-être avez-vous déjà entendu parler ou connaissez le coefficient k1, dit coefficient d’humification. Il représente la quantité d’humus stable formée par kg de matière organique incorporée au sol. Ce coefficient dépend, non seulement du type de compost (déchets verts, fumiers…), mais aussi de sa maturité. Ainsi, un compost stabilisé (C/N autour de 10) produira davantage d’humus et aura donc un coefficient k1 plus élevé, qu’un compost plus jeune (C/N de 20) qui se minéralisera plus rapidement et en plus grande proportion. Cela nous renvoie à l’importance du C/N que nous avons expliqué dans notre article “Pourquoi l’automne est la saison idéale pour nourrir votre sol avec du compost ?”.
Source : Les carrioles vertes
Les composts mûrs (déchets verts, alimentaires, fumiers compostés) ont un excellent équilibre C/N et une humification élevée.
Les matières fraîches et très azotées (engrais verts, fientes, lisier) favorisent surtout la libération d’azote, mais peu la formation d’humus.
Les matières ligneuses (bois, feuilles mortes, tourbes) favorisent la stabilisation du carbone dans le sol.
On le voit sur le graphique : le compost de déchets alimentaires a donc cette double facette humus, engrais avec une bonne humification mais un humus plus rapidement minéralisé à destination des plantations.
Le coefficient k2, quant à lui, est appelé coefficient de minéralisation. Il dépend de la composition du sol (parts relatives de sable, limon, argile), de son acidité, de la température…Il est plus faible pour les sols lourds (contenant plus de 30% d’argile) que pour les sols légers (moins de 10% d’argile).
Les effets du compost :
Nous venons de le voir, le compost a de nombreux effets bénéfiques pour le sol :
Amendement avant tout en créant le complexe-argilo-humique indispensable à la tenue des sols et donc au maintien dans le temps de leurs nutriments,
Fertilisant ou engrais, puisqu’une partie se minéralise rapidement pour apporter des nutriments assimilables par les plantes,
De plus, c’est un élément majeur de lutte contre le dérèglement climatique en reconstituant le stock durable de carbone dans le sol.
Notons également qu’il existe différents types de compost : les composts de déchets verts (parc et jardin), les composts de fumier/paille, les composts issus des déchets alimentaires… ; à différents niveaux de maturité, et tous ne minéralisent (fertilité) pas et n’humifient (amendement) pas dans les mêmes proportions.
En résumé, le compost, en nourrissant faune et champignons, favorisera l'humification de votre sol et le rendra vivant, en bonne santé, riche en matière organique, et donc forcément plus fertile.
Et c’est maintenant, en l’automne, que le compost est le plus efficace pour un sol vivant ! Alors à vos bottes, fourches et râteaux pour épandre du compost sur votre sol.