Pourquoi l’automne est la saison idéale pour nourrir votre sol avec du compost ?

À l’automne, le potager ralentit, mais la vie du sol continue ! C’est le moment idéal pour lui redonner de la force grâce au compost et préparer, en douceur, les récoltes de demain.

L’automne, un moment-clé pour votre potager

Depuis plusieurs mois, votre potager vous apporte de bons légumes. Il est temps pour lui de se reposer avant les prochaines plantations. L’automne est en effet une période de calme pour les jardiniers qui mettent en veille leur activité de production. Pourtant, pour le sol support des cultures, et que l’on oublie trop souvent, c’est une période clé.

Le rafraichissement favorise en effet le développement des champignons qui jouent un rôle majeur dans la vie des sols. Ce sont eux, en effet, qui créent ce fameux humus, cette matière organique stabilisée qui enrichit durablement nos sols, les structure et les rend plus résistants aux ravageurs, à l’érosion, au lessivage… De plus, leur rôle dans l’alimentation des plantes est souvent méconnu.

Pas de plantes sans champignons ! : Les racines de 90% des plantes sont colonisées par des filaments microscopiques de champignons : ceux-ci échangent de l’eau et des sels minéraux collectés dans le sol contre du sucre issu de la plante. Cette association, réciproquement vitale, est appelée mycorhize. Elle protège la plante contre les agresseurs et les parasites, et son influence s’étend dans la plante bien au-delà de la racine, notamment dans le fonctionnement des feuilles ou des fruits. Trop peu mobilisées en agriculture jusqu’ici, les mycorhizes sont déjà extrêmement prometteuses pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement”.

Marc-André Selosse - Mycologue

Enfin, le sol a perdu de sa matière organique en produisant des cultures pendant le printemps et l’été. Il faut donc lui en fournir pour l’aider à se reconstituer avant la prochaine saison.

Le rapport Carbone / Azote (C/N) : la clé pour comprendre ce que le compost fait au sol !

Une des caractéristiques majeures des composts est le rapport entre matière carbonée et matière azotée, le fameux rapport C/N.

Le carbone et l’azote sont en effet des éléments chimiques fondamentaux de la vie sur terre :

  • Le carbone est très présent dans les matières dites “brunes”, comme le BRF (Bois Raméal Fragmenté) souvent utilisé en compostage. Les matières carbonées sont plutôt dures. La lignine, par exemple, qui assure le maintien des arbres, par sa dureté est composée quasi-exclusivement de carbone, et ne peut être décomposée que par les champignons. Elle se caractérise par un rapport C/N quasi infini. La paille de blé possède un rapport C/N de 150 quand le BRF est autour de 60.

  • L’azote se retrouve dans les matières dites vertes, déchets alimentaires, urée, excréments, tontes. Plus il y a d’azote dans une molécule, plus elle est molle et se minéralise facilement pour nourrir les plantes. Le rapport C/N de l’urée est de 0,7. Il est d’environ de 7 pour les matières végétales vertes.

Ainsi, plus il a de carbone, plus le C/N est élevé et plus il y a d’azote, plus le C/N est bas.

Échelle des rapports C/N - Contenu extrait des vidéos d’Antoine Le Potagiste

Le C/N le plus stable est celui de l’humus, aux alentours de 10. Les organismes décomposeurs ont aussi un C/N de 10. Et c’est vers cette valeur d’équilibre de 10 que tendra toute matière organique déposée sur le sol.

Dans le cas d’une matière avec un C/N élevé (paille, compost jeune), les molécules vont immobiliser l’azote du sol pour décomposer le carbone et descendre le C/N vers 10. L’azote immobilisé sera ensuite minéralisé pour nourrir les plantes. C’est donc un moyen de libérer de l’azote à moyen terme.

À l’inverse, si le C/N est inférieur à 10 (engrais liquides, lisiers), l’azote est très rapidement minéralisé par les bactéries qui consomment le carbone pour leur respiration et entrainent une augmentation du rapport C/N. S’il n’y a pas de plantes à nourrir, l’azote minéralisé risque d’être perdu et de générer une pollution par excès de nitrates dans les sols et nappes.

Un compost jeune ou stabilisé selon vos besoins

En automne, la bonne nouvelle, c’est que l’on peut enrichir son sol, sans risque de créer cette fameuse faim d’azote (lorsque la décomposition de la matière organique capte l’azote disponible dans le sol et en prive les plantes alentours pour leur croissance), puisque vous disposez de plusieurs mois avant vos prochaines plantations.

Ainsi, plusieurs options s’offrent à vous :

  • Un compost jeune va continuer sa décomposition sur le sol et mobiliser l’azote pour enrichir un sol pauvre en nutriments quelques mois avant les futures plantations (attention à ne pas utiliser un compost trop jeune au printemps car risque de faim d’azote).

  • Un compost mûr qui agit surtout comme amendement humique : il enrichit le sol en matière organique stable et améliore sa structure. Il n’a pas du tout l’effet « flash» d’un fumier frais ou d’un compost jeune. C’est cette réserve organique stable qui nourrit le réseau fongique à moyen et long terme.

On espère vous avoir convaincus que le moment idéal pour l’utilisation du compost, c'est l’automne et que selon les caractéristiques de votre sol et vos projets, vous avez toute une palette de compost (en termes de maturité) à utiliser. Alors, on vous attend sur notre terrain des carrioles à Lahonce avec plein de beau et bon compost, jeune ou mûr et ensuite à vos brouettes !

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